mercredi 18 mars 2009

Monseigneur Cassaigne - Di Linh (Djirin)

Nota : L'ancien nom de Di Linh = Djirin
Avant de commencer cet article, je voudrais vous faire savoir que j'ai eu l'honneur de connaître Monseigneur Jean Cassaigne. J'avais fait ma première communion à la Cathédrale de Saigon et j'ai reçu l'hostie de sa main.

Monseigneur Jean Cassaigne -
Le Père des lépreux

C’est un personnage peu connu des Français, sauf de ceux qui séjournèrent en Indochine. Enfait, cet homme est proche de nous par le temps, puisqu’il mourut en 1973. Il est tout proche par ses qualités de cœur, son humour et son bon sens. Né en 1895 à Grenade dans les Landes, en pays gascon, Jean Cassaigne ressent tout jeune une vocation missionnaire qui est longtemps entravée par son père. Lorsqu’enfin il peut entrer au séminaire, la guerre de 1914-1918 survient, et il s’engage. On lui confie la charge d’infirmier. C’est une dure expérience où il apprend – dans le concret – la confiance totale en Dieu et le service des malades. Une fois démobilisé, il entre au séminaire des Missions étrangères de Paris. Il est ordonné prêtre en 1925, recevant bientôt une affectation à Saigon. Après six mois, maîtrisant assez bien la langue vietnamienne, le Père Cassaigne se rend à Di Linh (Djiring) porté l’Évangile aux Srê et aux Maa, des ethnies à demi sauvages des Hauts-Plateaux du nord-est de Saigon. Il apprend, non sans efforts, la langue kôhô parlée par eux. Il publie le premier dictionnaire kôhô-français-vietnamien et des livres de prières. En peu de temps, il devient le père d’une chrétienté fervente. La rencontre des lépreux – nombreux dans cette région pauvre – donne à son apostolat missionnaire une orientation particulière. Sa charité exemplaire le fait connaître et estimer dans la région entière. Pour les lépreux, il crée un village où il est à la fois, le père et l’infirmier aux mains nues. Ses mérites, connus de tous, expliquent le choix qui est fait de lui, en1941, comme évêque de Saigon. La période est difficile ; elle va devenir tragique à partir de 1945 et durer pour lui jusqu’en fin 1955. Temps de guerre, de bombardements, de divisions, de déchirements, de pleurs, de déracinements... C’est peut-être à ce moment que Mgr Cassaigne montre le mieux la grandeur sans apprêt de sa personnalité toute surnaturelle. Il gagne ou il conserve l’estime générale en se dépensant sans compter. En 1955, il retourne à la léproserie de Di Linh (Djiring) qu’il avait fondée. La lèpre qu’il avait si souvent soignée sur les autres, l’a atteint. Il se donne tout entier à ses « chers enfants lépreux » dans la joie de « les comprendre de l’intérieur ».Après sa mort survenue le 31 octobre1973, ses obsèques furent grandioses. Aujourd’hui, le peuple du Viêt Nam n’a pas oublié sa mémoire, et sa tombe est un lieu de prière très fréquenté. Personne ne doute que sa prière ne soit efficace auprès de Dieu.
Nota : L'ancien nom de Di Linh est Djiring











Aimer, servir, sourire

« Le Père Cassaigne est un vrai missionnaire, un vrai apôtre du Christ et un vrai Français. Il est venu dans la colonie pour aimer les indigènes, pour vivre pour eux et avec eux, pour leur apporter les bienfaits de la religion catholique et de la civilisation française. Il a fait aimer sa religion et sa patrie en se faisant aimer. Il s’est assigné ce devoir de prêtre et de patriote. Et il ne connaît que ce devoir, le remplissant simplement, obscurément, naturellement, sans souci d’autre chose : ses Moïs à évangéliser et à soigner ! Voilà toute sa préoccupation. Je puis parler en connaissance de cause du Père Cassaigne, car j’ai souvent eu l’occasion de l’apprécier, à tel point que sa vue me rappelle cette devise de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, précisément la Patronne des Missionnaires : “Aimer, Servir, Sourire”.C’est ce que fait quotidiennement le nouvel évêque de Saigon. J’ai déjà dit qu’il ne sait qu’aimer et servir son Dieu et ses Moïs. Et comment ? Jusqu’à se faire l’infirmier de ses Moïs, en s’occupant de leurs âmes et de leurs corps. Pour eux, il est le pasteur et le médecin, et ce, avec un continuel sourire. Je l’ai vu, le samedi, préparer des paquets de tabac pour les donner le lendemain après la messe dominicale, à ses ouailles moïs. Moi aussi, j’ai été subjugué par son sourire. Car le Père Cassaigne, c’est la gaieté, la simplicité, la bonté, c’est-à-dire la vraie sainteté. Je prie respectueusement son excellence Mgr l’évêque de Saigon d’excuser mon indiscrétion mais il était bon que ses diocésains se rendissent compte de leur bonheur d’avoir un chef en même temps qu’un Père. Mgr Cassaigne continuera à faire aimer son Dieu et sa Patrie. »

Par Jacques Lê Van Duc, au moment de sa nomination, février 1941 –
Extraits. Prière devant la tombe de Mgr Cassaigne



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Mû par sa charité inlassable, Jean Cassaigne fut à la fois l’apôtre de Jésus, l’ami des petits, le père des lépreux, l’homme de l’unité, une source de paix par la souffrance transformée en joie.
(Par le père Guilmard, moine de Solesmes)
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Je voudrais profiter de cette occasion pour vous citer cet article paru dans le bulletin EDA n° 437 du 16/03/2006
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Le quotidien du Parti communiste vietnamien rend un vibrant hommage à une religieuse catholique qui a consacré sa vie aux lépreux

Une fois n'est pas coutume, l'organe du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân du 28 février a consacré son plus gros titre à une religieuse catholique : "L'histoire émouvante d'une religieuse qui vient de recevoir le titre d'héroïne du travail Le quotidien de Hanoi consacre un long article à la sœur Mai Thi Mâu qui a consacré sa vie aux soins des lépreux à la léproserie de Di Linh, située à une cinquantaine de kilomètres de Dalat. Un tel reportage n'avait encore jamais été publié dans les colonnes de l'organe du Parti. Celui-ci a souvent fait l'éloge de militaires ayant fait le sacrifice de leurs vies pour la patrie, de travailleurs ayant battu des records d'endurance au service de la production. Jamais encore, il n'avait vanté les mérites d'une personne animée par la charité, et surtout d'une religieuse.
Bulletin EDA n° 437 du 16/03/2006
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De même que le fleuve retourne à la mer, le don de l'homme revient vers lui. - Proverbes chinois
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